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Tim Berners-Lee, le fondateur

Timothy John Berners-Lee, né le 8 juin 1955 à Londres, est un informaticien britannique, principal inventeur du World Wide Web au tournant des années 1990 lors de ses travaux au CERN (Centre Européen de Recherche Nucléaire)

Le Web a officiellement fêté ses 30 ans le 12 mars 2019 ! Le nom de son créateur, le Britannique Tim Berners-Lee, est méconnu de la majorité des utilisateurs du système et pourtant, il a su documenter précieusement ses avancées technologiques.

Il faut donc revenir en 1989, année où Tim Berners-Lee rédige la première mouture de l’idée de Web au CERN. Internet (le réseau) fonctionne déjà depuis quelques années. Utilisé par des communautés virtuelles dans les milieux universitaires, notamment américains, mais aussi par des amateurs éclairés – ce que, dans le jargon technologique, on appelle des « early adopters » –, une culture des forums, de l’e-mail et même des premiers spams prend vie. Les milieux scientifiques européens sont aussi connectés à ces réseaux émergents, notamment les physiciens, ce qui explique en partie la présence du CERN dans la genèse du Web.

L’innovation de Tim Berners-Lee a bénéficié d’un contexte scientifique. Son talent, c’est l’inventivité dont il a fait preuve dans l’utilisation d’idées comme l’hypertexte (ensemble de documents liés par des hyperliens, tels que les liens sur le Web), qui existaient déjà. Il a réussi à faire une synthèse extrêmement intelligente, socialement et techniquement innovante, sans jamais renier l’influence d’inventeurs comme Vannevar Bush, Douglas Engelbart ou Ted Nelson.

Valérie Schafer, professeure à l’université du Luxembourg

Naissance du Word Wide Web

À la fin des années 80, Tim Berners-Lee rejoint le CERN pour travailler sur la création d’une base de données pour les chercheurs. Le 12 mars 1989, il rédige un mémo intitulé “Gestion de l’information : une proposition”. L’idée qu’il y développe est de faciliter l’accès à l’information pour les chercheurs du CERN grâce à des liens hypertextes et des ordinateurs connectés entre eux. Son chef de service, Mike Sendall, dit alors de ce rapport qu’il est “vague mais intéressant”. Tim Berners-Lee sera finalement autorisé à creuser l’idée quelques mois plus tard. Il commence alors à développer son projet.

Fin 1990, Berners-Lee réussit à programmer pour la première fois un navigateur, la semaine de Noël, selon la légende (semaine où il est à la fois devenu le père du Web et de son premier enfant). Berners-Lee s’interroge sur le nom à lui donner. Il pense d’abord à « The Information Mine », mais l’acronyme, TIM, lui paraît trop égocentrique. Puis envisage un temps « Mesh » (« Maillage »). Pour finalement choisir trois consonnes : WWW. World Wide Web. « Parce que c’était mondial [world wide] et que c’était un réseau [web] ».

S’ensuivent une succession de présentations et de plans de travail au sein de l’institution. En juin 1991, un premier séminaire dédié au Web est organisé au CERN. Puis, Tim Berners-Lee commence à présenter son travail à l’extérieur.

This is for everyone

Aux côtés de Berners-Lee, le Belge Robert Cailliau et le Suisse Jean-François Groff, que l’on surnomme aujourd’hui les pionniers du Web, sont sur la même longueur d’ondes que Berners-Lee en matière de gratuité et d’ouverture, principes qui ont été cruciaux dans l’expansion du Web et sa pérennité. L’année où le Cern a annoncé que le Web tombait dans le domaine public, l’université du Minnesota annonçait que Gopher, un service contemporain pour naviguer dans Internet, devenait payant.

La première page web en France :
À l’automne 1992, deux ingénieurs français assistent à une conférence de Tim Berners-Lee à Annecy. À la suite de quoi ils ont travaillé de la première page web en France à Lyon au centre de calcul de l’IN2P3 [Institut national de physique nucléaire et de physique des particules]. C’était une page web toute simple qui présentait leur centre de calculs avec une photo du bâtiment.

Fin 1994, Tim Berners-Lee quitte le CERN pour le MIT (Massachusetts Institute of Technology), aux Etats-Unis, où il va fonder le World Wide Web Consortium ou W3C, pour fixer les standards d’un web ouvert, libre et transparent.

“Le web est plus une invention sociale que technologique. Je l’ai conçu pour qu’il ait un effet social – aider les gens à travailler ensemble – et non comme un jouet technologique.”

Tim Berners-Lee, Weaving the Web, 1999

Malgré ses multiples récompenses, Tim Berners-Lee déclare en 2004 n’avoir rien inventé. “J’ai juste emprunté un certain nombre de choses qui existaient déjà, et je les ai accrues un peu. […] Construire le Web, je ne l’ai pas fait tout seul.”

En 2018, “dévasté” par la manipulation des données privées, il retourne en Angleterre, son pays d’origine et crée la start-up Inrupt, un coffre-fort pour permettre à chacun de stocker ses données.

Aujourd’hui, le nom de Tim Berners-Lee est sans doute moins connu dans le monde que celui de Mark Zuckerberg ou encore Steve Jobs, mais en 2004, il est anobli par la reine Elizabeth II. Sir Tim Berners-Lee a, par exemple, participé à la cérémonie d’ouverture des jeux Olympiques de Londres, en 2012, lors d’une séquence marquante voulue par le réalisateur Danny Boyle. Au cœur du stade olympique de Londres plongé dans le noir, sur lequel brillaient les lettres « This is for everyone », une voix l’a présenté ainsi : « Mesdames et messieurs, Tim Berners-Lee, l’inventeur du World Wide Web. »

The next web

Pour son nouveau projet, Berners-Lee a construit un web des données, libres et liées, qui pourrait faire aux nombres ce que le web a fait pour les mots, les photos et les vidéos: libérons nos données et redéfinissons la manière dont nous les utilisons.

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