Le cinéma est un langage complet en soi. Il se dote d’un vocabulaire propre, d’une syntaxe distincte, de subtils jeux de forme, d’ellipses suggestives, de conventions spécifiques, et d’une grammaire qui lui est singulière. Et pourtant, malgré cette unicité, il transcende les frontières en tant que langue universelle. Comme le résumait Jean Cocteau avec justesse, « un film est une écriture en images« , une façon de raconter et de transmettre des idées à travers les visuels.
Pour moi, le cinéma est un moyen d’expression aussi naturel que de parler.
Akira Kurosawa
Le véritable génie du cinéma réside dans sa capacité à rendre visible l’invisible tout autant que le visible. Il réussit à donner forme à la pensée parallèlement à l’expérience vécue, fusionnant habilement les rêves et la réalité, l’imaginaire et le concret. Le cinéma a le pouvoir de faire revivre le passé tout en insufflant de la vie au futur. Il confère à une simple image éphémère une résonance bien plus puissante que celle du quotidien, comme le soulignait avec éloquence Marcel Martin.
Cette qualité, que nous vénérons dans le cinéma, s’étend à toutes les formes de communication audiovisuelle. Du petit écran au grand écran, du web aux smartphones, en passant par les installations artistiques, les projections visuelles sophistiquées, voire même les jeux vidéo, toutes ces formes empruntent l’essence du cinéma. Elles capturent et transmettent des émotions, des récits et des idées, avec l’objectif de toucher profondément le cœur et l’esprit des spectateurs.
Cadrage, Stabilité et Réglages
La création cinématographique est une forme artistique qui nécessite une maîtrise subtile de multiples aspects pour aboutir à des résultats captivants. Chaque élément, du choix des plans à la manipulation de la caméra et des réglages, joue un rôle crucial dans la qualité et la compréhension du contenu final. Dans cette optique, nous explorerons divers points cruciaux qui peuvent améliorer considérablement la qualité de vos prises de vue. Du rythme des plans à la stabilité, en passant par la distance par rapport au sujet et l’exploitation des fonctionnalités de la caméra, chaque conseil vise à vous aider à capturer des images plus percutantes et plus engageantes. En examinant ces aspects avec soin, nous établirons les bases pour créer des séquences visuelles cohérentes, claires et mémorables, tout en garantissant une meilleure compréhension du spectateur.
- Plans trop courts entre chaque déplacement.
Toujours prendre le temps de faire son plan, être sûr de bien savoir ce que l’on veut filmer et savoir si ce que l’on veut filmer est compréhensible au spectateur - Problème de stabilité.
Utiliser un pied de caméra, ou se servir des éléments qui nous entourent pour assurer une meilleure stabilité (table, chaise, poteau, arbre…) - Utilisation mauvaise et systématique du zoom.
Se tenir à ne faire que des plans fixes, sans mouvements de caméra trop compliqués à réaliser., ou s’entraîner en répétant ces mouvements - Position par rapport au sujet.
Se poser la question de ce qui est important pour chaque plan, et à quelle distance je me positionne pour le filmer - Caméra en automatique ou mauvaise compréhension des réglages.
S’entraîner à utiliser la caméra, en connaître les réglages, les menus et l’ergonomie
Les angles de prise de vue
Lorsque vous filmez, les angles de prises de vue jouent un rôle essentiel dans la manière dont le spectateur perçoit ce qui est montré à l’écran.
Tout d’abord, la position de la caméra par rapport au sujet est cruciale. Plutôt que de vous placer selon votre propre perspective, envisagez de filmer du point de vue du sujet. Cela établit une connexion entre le réalisateur, le sujet et le spectateur.
Les angles de vue ont des effets spécifiques. Un plan en plongée, filmé depuis une position surélevée, tend à « écraser » le sujet, donnant une sensation de supériorité au spectateur. À l’inverse, un plan en contre-plongée, depuis une position plus basse, donne au sujet une stature imposante.
Privilégiez les plans fixes pour éviter des mouvements superflus de la caméra. Se rapprocher du sujet est souvent plus efficace que zoomer depuis une distance.
En ce qui concerne les zooms, garder la focale fixe en s’approchant du sujet donne des gros plans clairs. « Dézoomer », en utilisant des focales courtes, élargit le champ visuel, tandis que « zoomer », avec des focales plus longues, le rétrécit.
Les mouvements de caméra
Tout comme la réflexion sur les angles et le positionnement de la caméra, les mouvements sont cruciaux pour obtenir des prises de vue qui racontent une histoire convaincante au spectateur.
Un « travelling » implique de déplacer la caméra pendant la prise de vue. Cela peut se faire en posant la caméra sur une surface stable et en la déplaçant, ou en tenant la caméra à la main tout en vous déplaçant.
Un « panoramique » consiste à faire pivoter la caméra sur son axe, horizontalement, verticalement ou en diagonale. Un pied est recommandé pour une stabilité optimale.
Les raccords
Le raccord entre deux plans est essentiel pour garantir la fluidité et la cohérence visuelle. Ces transitions sont régies par les règles du montage, mais le montage est déjà intrinsèquement lié au cadrage.
Divers types de raccords existent :
- Le raccord champ/contre-champ est utilisé pour montrer alternativement le visage de deux personnes en dialogue, ou pour mettre en évidence l’objet regardé.
- La « règle des 30° » : un angle de plus de 30° est recommandé entre la position d’une personne filmée dans deux plans successifs, afin d’éviter une impression de saut visuel.
- L’entrée/sortie de champ nécessite que si une personne sort à droite d’un plan, elle réapparaisse à gauche dans le plan suivant, pour éviter une confusion de direction.
- Le raccord dans l’axe est parfois délibéré, consistant en une transition entre deux plans d’échelles différentes sans mouvement de caméra. Cet effet peut être utilisé pour attirer l’attention sur un détail en gros plan.
- Le raccord d’idée ou par analogie peut surgir au montage sans avoir été prémédité lors du tournage. Il est important de ne pas se restreindre durant le tournage et de rester ouvert à des possibilités de raccord non planifiées.
Le faux raccord, lié parfois à des contraintes techniques au montage ou à une mauvaise planification durant le tournage, n’est pas éliminatoire mais peut altérer la compréhension. Il est préférable de le limiter autant que possible pour préserver la cohérence narrative et visuelle.
Pour aller plus loin :
- Cinéma et Photographie – Angles et points de vue – genarobardy.com