À première vue, choisir un navigateur plutôt qu’un autre n’a pas grande importance. Un navigateur traduit le code en visuel, c’est tout ce qu’on lui demande. Mais voilà, la réalité est toute autre, alors comment faire un choix et pourquoi en préférer un au détriment des autres ?
Les origines
Lorsque Tim Berners-Lee développe le premier navigateur en 1990, son idée est de créer un logiciel permettant la lecture et l’édition de pages HTML. Ce premier Navigateur sera simplement baptiser Word Wide Web et ne dépassera pas les portes des laboratoires de recherche informatique. Il faudra attendre 1993 pour voir apparaitre un navigateur grand publique avec NCSA Mozaic. Ce navigateur pouvait être installé sur un grand nombre de systèmes, permettait d’afficher des images directement dans la page web et supportait les formulaires interactifs. En 1994, une grande partie de l’équipe à l’origine de Mozaic quitte NCSA pour développer un nouveau navigateur. Netscape Navigator voit le jour la même année. Ce dernier sera le navigateur le plus utilisé jusqu’à l’avènement d’internet explorer, le navigateur de Microsoft, installé par défaut au sein du système Windows. Mais rapidement d’autres navigateurs font leur apparition pour répondre aux besoins d’un web en pleine expansion et à la recherche de modèles économiques.
Les navigateurs contemporains
Il existe actuellement sept navigateurs majeurs. Safari, le navigateur historique d’Apple, Edge, le remplaçant d’Internet Explorer, créé par Microsoft, Chrome édité par Google, Firefox, Opera, Brave et Tor. Vous l’aurez remarqué, les 3 premiers cités appartiennent à de grandes firmes de la Silicon Valley membres reconnus des GAFAM (Google Amazon Facebook Apple Microsoft). Les quatre derniers quand à eux… on sait pas trop.

Safari
Téléchargeable depuis la version 10 du système MacOs (2003), Safari est le navigateur par défaut du système Apple. Il a permis à l’entreprise de se défaire de sa dépendance à Microsoft qui permettait d’installer son navigateur Internet Explorer 5 sur les machine Apple. Connaissant la rivalité entre les deux entreprises, il est tout a fait concevable d’imaginer l’enjeu autour de ce logiciel. Malgré tout, de part sa filiation avec la firme à la pomme, Safari n’a jamais atteint un taux d’utilisation comparable à ses concurrents. Il aura fallu attendre l’arrivée de l’iPhone et de l’iPad pour le voir prendre un peu plus de part de marché sur la partie mobile.
Techniquement Safari à longtemps été en avance sur les autres navigateurs. S’appuyant sur un moteur de rendu performant passant régulièrement avec succès les phases de test d’interprétation des standards. Il a également, été l’un des premiers navigateur à accepter le WebGL (3D calculée en temps réel directement dans le navigateur).
Aujourd’hui, force est de constater que Safari à perdu de sa superbe. Certains soucis d’interprétation du code CSS peuvent poser problèmes aux intégrateurs et développeurs.

Edge
« This is spartan ! ». Tel était la moquerie à l’annonce du nouveau projet de Microsoft quelques temps avant sa sortie officielle. L’éditeur de système ayant décidé d’abandonner Internet Explorer (pour le plus grand bonheur des développeurs), se penche sur la création d’un remplaçant. Son nom : Project Spartan. Ce choix déclencha une vague d’hilarité et une série de mèmes sur la toile. Finalement le nom sera changé pour Edge, ce qui permettait dans un premier temps de conservé un logo proche du navigateur historique.
Microsoft était donc attendu au tournant en proposant un successeur au calamiteux IE. Pari presque réussi, Edge ne reproduit que ponctuellement les défaut de son grand frère (les failles de sécurité ayant pour l’instant étés corrigées) et sera intégré dès 2015 au système Windows 10. Côté performance, rien de plus rien de moins que ses concurrents. Il s’agit d’un navigateur propriétaire tout ce qu’il y a de plus classique.

Chrome
Le leader du marché ! Chrome est arrivé comme un rouleau compresseur prenant rapidement le leadership sur ses concurrents. Propulsé en 2008, le moteur de recherche de Google a d’abord suscité beaucoup d’enthousiasme. Il s’annonçait comme un navigateur extrêmement rapide et performant. Ce que les différentes versions n’ont, à ce jour, pas démentis, même si l’ambition annoncée a quelque peu déçu. Il s’agit bien d’un navigateur, simple, rapide, basé sur le savoir faire de Google pour aider l’internaute dans sa navigation, mais rien de plus. À sa sorti, la page de recherche de Google et celle de Youtube proposaient son téléchargement. Deux ans plus tard on retrouvait des campagnes d’affiches, des bannières web et des encarts dans certains exemplaires de presse papier un peu partout dans le monde pour présenter le navigateur au grand publique.
Mais voilà, au fur et à mesure qu’il se rependait, Google Chrome a susciter de la méfiance voir de la désapprobation due à la collecte d’informations qu’il effectue chez l’internaute. Au point que certains états (comme la France et l’Allemagne) recommandent de limiter son utilisation. Malgré cette douche froide, Chrome est le navigateur le plus utilisé. Il représente à ce jour (soit à peine 15 ans après sa première version) plus de deux tiers de part de marché dans le monde… allez savoir pourquoi ?

Firefox
Développé depuis 2002 dans une logique de logiciel libre et open-source, soutenu par la fondation Mozilla depuis 2003, Firefox entre dans la catégorie doyen des navigateurs modernes. À ses débuts, il a connu un succès croissant, dépassant 1,2 milliard de téléchargements en janvier 2010, devenant le principal concurrent d’Internet Explorer qui dominait le marché par manque de concurrence et surtout son installation native sur les PC. Firefox est alors le navigateur le plus utilisé en Europe. Mais l’avènement des supports mobiles et de leur système « clé en main » ainsi que le développement de Chrome nuisent à sa notoriété et petit à petit il chute sous la barre des 15% d’utilisateurs dans le monde.
Malgré tout, le logiciel reste fidèle à la philosophie des créateurs du web. Firefox a toujours été développé au service de l’internaute et de sa protection, son modèle économique se base principalement sur des donations et accords commerciaux entre la fondation Mozilla et les moteurs de recherches. Il œuvre également depuis ses débuts pour le respect des normes du W3C en intégrant l’ensemble de ses recommandations et en optimisant l’interprétation des langages HTML, CSS, JavaScript, SVG, etc. D’autres fonctionnalités sont intégrées aux navigateur, comme la possibilité de personnaliser son interface à l’aide de plugin. Certains ont d’ailleurs étés intégrés de façon natives au fur et à mesure des versions du logiciel. C’est notamment le cas des outils pour développeurs qui nous utilisons, pour nous assister lors du codage d’une page HTML/CSS.

Opera
Autre navigateur dont l’âge peut surprendre, Opéra est édité depuis 1995, mais n’est réellement utilisé par le grand publique que depuis 2004. Ce qui a permis à Opéra de traverser les différents époques reste surtout ses partenariats avec de grands nom du numérique comme Adobe ou Nintendo, mais également ses fonctionnalités qui ont su séduire une certaine catégorie d’internautes. La version de 2006 intégrait par exemple le téléchargements par fichiers BitTorrent, un filtre anti-amçonnage et un blocage de contenu. Opéra a également été décliné avec succès dans une version mobile.
Aujourd’hui il ne représente qu’à peine 2% d’utilisateurs dans le monde mais annonce de très bonnes performances techniques.

Brave
Dernier né dans la famille des navigateurs, Brave cherche, depuis 2016, à révolutionner les modèles économiques du web. Imaginé par un ancien développeur de Firefox, son approche économique est pour le moins originale puisqu’elle s’appuie sur une cryptomonnaie et semble prendre un maximum de distance avec Google. Il se revendique également plus sécurisé et moins intrusif que les autres navigateurs en bloquant une grande majorité d’outils statistiques, de pistage et les cookies. Ce blocage lui permet d’augmenter ses performance et sa rapidité.
Brave dispose également d’un programme baptisé Brave Rewards. Son but est de contourner les services de publicités ciblées et de récompenser les utilisateurs lorsqu’ils visionnent des publicités. Ces récompenses sous forme de jetons BAT peuvent ensuite être redistribuées par l’utilisateur vers les créateurs de contenus, sous forme de donation ou virement mensuel. L’objectif est que ces jetons, aussi appelés tokens deviennent la « monnaie d’internet ». À première vue, on pourrait y voir une approche désintéressée, mais à y regarder de plus près, bon nombre de sources de financement du logicielles peuvent paraitre un peu obscures.

Tor
Basé sur Firefox, Tor bat tous les records dans l’anonymisation de la navigation. Il dispose d’un module qui chiffre toutes les données émises et reçues, ce qui rend l’activité sur Internet pratiquement impossible à tracer. Le réseau est décentralisé, les ordinateurs qui le composent sont des nœuds à travers lesquels transitent les données chiffrées. D’autre part, le logiciel bloque automatiquement les scripts qui peuvent se révéler dangereux ou trahir l’identité de l’internaute.
Sa première version date de 2008, il est totalement libre et peut être installé sur la quasi totalité des plateformes (smartphones et tablettes inclus). Si vous êtes un utilisateur particulièrement attaché à la confidentialité de ses données, alors vous êtes prêt à découvrir Tor Browser.
Dis moi quel navigateur tu utilises, je te dirais qui tu es.
Et maintenant, je choisi lequel ? La réponse n’est pas si simple. Il faut reconnaitre que d’un point de vue technique, bon nombre des navigateurs présentés ici semblent se valoir. Même si certains sont plus gourmands en ressources que d’autres, respectent plus ou moins les standards ou notre anonymat, nous ne verrons pas spécialement la différence avec un usage classique. Le choix d’un navigateur devra donc se faire par nos intérêts ou en nous basant sur l’éthique de chacun d’eux. Certains sont fait pour collecter un maximum d’informations personnelles et alimenter le big-data et son économie, d’autres souhaitent révolutionner notre approche du web, donner une dimension militante à notre navigation, ou simplement explorer de nouvelles possibilités techniques. Une dernière notion reste à prendre en compte dans ce choix, celle de l’impacte environnementale du navigateur. Cette question reste encore assez peu documenté, mais nous pouvons dors et déjà imaginer qu’un navigateur laissant passer un maximum de cookies, d’outils de traçages et d’analyse de la navigation multipliera les échanges serveurs et donc la consommation énergétique. C’est ce qu’a faite ressortir Microsoft en publiant un comparatif à des fins publicitaires pour la promotion de son navigateur Edge. Même si processus de test reste discutable puisqu’elle s’appuyait sur l’autonomie de la batterie en gardant le navigateur actif, il fait ressortir une problématique bien souvent mise de côté par les utilisateurs.
Pour ce qui est d’une utilisation professionnelle, les choses se simplifient un peu. L’idée est de simuler l’usage de notre site par l’internaute et vérifier que tout s’affiche correctement. À ce stade de notre réflexion, nous privilégierons donc les plus répandus et les plus respectueux des standards du web. Notre choix se resserrera naturellement autour de Chrome et sa meilleur alternative à ce jour, Firefox.
Le choix d’un bon navigateur reste donc ouvert et continue d’alimenter de nombreux débats. Le plus important dans tout ça reste notre confort d’utilisation et l’intérêt que nous porterons aux fonctionnalités de notre navigateur. Finalement tout est question de goût.
Liens utiles et références :
- Tor Browser est — de loin — le navigateur internet le plus respectueux de la vie privée – lesnumeriques.com, octobre 2021
- Comparaison directe des sept meilleurs navigateurs – Mozilla.com
- Browser Statistics — W3School
- Chrome vs Firefox : face-à-face entre les deux navigateurs – onos.fr